Les Cathares du Languedoc au XIIIe siècle, de René Nelli

Il y a eu des cathares en France, en Catalogne, en Italie, en Allemagne et même en Angleterre, nombres de livres sur les Cathares en attestent. Mais c’est surtout dans le midi de la France, de la fin du XIIe siècle à l’année 1209, où fut déclenchée la croisade albigeoise, que le catharisme put s’organiser en une Eglise et, par l’intermédiaire des grands seigneurs gagnés à sa cause, exercer une influence sociale et politique sur l’ensemble de la région. Le catharisme (cathare signifie « pur » en grec) s’inscrit dans le mouvement de rénovation évangélique qui s’est manifesté dans toute la Chrétienté médiévale. Doctrine hétérodoxe, il professait l’existence de deux principes antagonistes – le Bien et le Mal, inégaux en valeur mais également éternels (ce que l’on a appelé le manichéisme ou le dualisme). Il défendait l’idée que l’univers, rempli de créatures vaines et corruptibles, était l’œuvre du Diable. L’ouvrage de René Nelli retrace leur histoire dans le sud de la France mais aussi leur vie quotidienne comme l’indique le titre de cette collection historique.

Les Parfaits s’imposent vite, inquiétant Rome : ils répandent l’instruction, les soins médicaux et vivent de tissage et d’aumônes. Leur exigence morale et leur ascèse de la pureté séduisent les Languedociens. Grâce à la tolérance des comtes de Toulouse, ils organisent dans le Lauraguais, autour de Fanjeaux, de Montréal et de Laurac une véritable Eglise avec six évêchés soutenus par les masses populaires et l’aristocratie locale – ce qui en fait une rébellion politique. Le Pape craint qu’ils ne détruisent l’unité de la Chrétienté déjà bien entamée par les multiples désaccords entre Romains et Grecs. L’Eglise catholique romaine intensifie d’abord ses efforts de prédication – création des frères prêcheurs, puis de l’Université de Toulouse – avant d’avoir recours à la force : les croisades se succèdent contre les Albigeois alors que se développe l’Inquisition pontificale. La répression durera plus d’un demi-siècle et ne s’achèvera qu’avec la reddition des dernières places fortes cathares (Montségur en 1244, Quéribus en 1255),surtout tenues pour des foyers de rébellion seigneuriale à l’autorité royale. L’exécution des fidèles cathares de Montségur – rendue possible après un siège de onze mois, livrant au bûcher quelques deux cents impénitents – décapite l’Eglise cathare qui ne s’en relèvera pas.

René Nelli, Les Cathares du Languedoc, collection la vie quotidienne, Hachette, 1969, 1996, 292 p.

Pour faire court : les Cathares sont dualistes, leur religion est manichéenne… Comme Mani (IIIe s., Mésopotamie), ils pensent que le monde est divisé par deux grands principes antagonistes, celui du Bien et celui du mal. Pour les Cathares, le monde du Bien est le monde spirituel créé par Dieu alors que le monde matériel est la création de Satan. L’eau et l’huile sont matérielles et doivent donc être évitées lors du consolamentum => D’où le terme de « baptême spirituel ».

25 septembre 2022 livre