Vous le découvrez, les éditions Saphira ont édité sous forme d’e-books, un certain nombre de recensions et de fiches de lectures d’ouvrages en sociologie de la communication, sociologie d’Internet, en sciences de l’information et de la communication et en philosophie des techniques, en Juin 2019.
Nous poursuivrons cet effort de publication tout au long de l’année avec une cinquantaine d’ebooks à paraître…
Voici un extrait d’ebook, celui sur le livre «La société conquise par la communication », de Bernard MIEGE, PUG, 1989 :
Bernard MIEGE, à propos des théories généralistes ou des discours experts :
«Pour BAUDRILLARD il est quasiment impossible de dégager un principe de réalité de la communication de son principe de simulation. On ne peut guerre envisager la communication autrement que comme un simulacre (…) . De son coté Lucien SFEZ – critique néo-kantien de la communication moderne – met très fortement l’accent sur la prégnance des technologies de l’esprit (fondées sur la notion de réseau, de paradoxe, de simulation et d’interactivité et qui sont « au service d’une technologisation de l’esprit, d’une pratique élitiste du pouvoir qui tend à dominer le champ intellectuel ».
Selon cet auteur, l’avancée des technologies – qu’il réduit à l’informatique – a produit une forme symbolique qui aujourd’hui les dépasse et finit par envelopper rapidement nos actions et productions imaginaires. Cette forme symbolique, qu’il désigne par « tautisme », a une visée totalisante et même totalitaire. Elle déploie sa puissance redoutable non seulement dans les rapports individuels et sociaux, mais encore dans les façons dont nous concevons le monde. Pour SFEZ, les machines à communiquer ne sont pas loin d’avoir achevé leur preuve, surtout aux E.U : la répétition médiatique et l’enfermement provoqué par l’ordinateur, en conjuguant leurs efforts, y ont crée une nouvelle religion syncrétique déjà largement implantée et qui met en application la théologie de Frankestein.
Pour MIEGE, le problème de ce discours est sa hauteur : «rien ne sert de lui opposer des arguments comme la lenteur de la diffusion des techniques de communication, leur très inégale répartition ou la formation d’usages imprévus. L’approche de SFEZ lui interdit d’envisager la complexité des enjeux sociaux et culturels ».
Autre théoricien des nouvelles technologies de communication, Pierre LEVY, n’évite pas non plus cet écueil : «sa machine univers», l’ordinateur, ne lui paraît pas seulement servir l’enseignement, la gestion ou la représentation graphique ; elle redéfinit l’apprentissage, le management et la création d’images : «l’informatisation générale est l’effet, le signe et le dernier en date des opérateurs d’une mutation anthropologique de grande ampleur. Cette mutation s’articule autour d’un retournement et d’une substitution : l’inversion des rapports de subordination entre langage et calcul ; le recouvrement par l’univers du calcul de la multiplicité des anciens mondes (LEVY 1987)» (p.13).
Pour lMIEGE, le problème de ces théories généralistes est qu’elles se fondent à partir de quelques éléments émergents dans les pratiques innovantes. Un autre point est qu’elles veulent rendre compte de toute la communication (pour SFEZ et LEVY informatisation et communication se superposent, et le paradigme du calcul permet de traiter de tous les phénomènes communicationnels : «ils sont loin d’être les seuls à engager de tels coups de forces théoriques : sur le marché des idées, si les cybernéticiens, les linguistes structuralistes et même les systémistes ne sont plus à l’offensive, il n’en est pas de même pour les enfants de BATESON, de ceux qui se reconnaissent dans la voie tracée par l’ethnométhodologie ou les courants interactionnistes : les uns et les autres, en valorisant l’analyse des relations interindividuelles ou la formation du lien social à partir des échanges micro-sociaux, pensent envisager l’ensemble de la communication !».
Pour Bernard MIEGE, la communication peut s’analyser de 2 façons :
– via la mise en œuvre des nouvelles technologies de l’information et de la communication
– via leurs impacts organisationnels (et pas seulement socio-culturels) dans différents territoires fonctionnels (l’entreprise, l’école, l’administration…)
En privilégiant la seconde approche, il étudie les techniques de «gestion du social». Pour lui, elles influent sur la forme de la communication, car celle-ci est «un fait de structure». Les NTIC accompagnent le redéploiement des pouvoirs dans les environnement classiques et sont aussi un élément majeur de l’internationnalisation des échanges économiques et culturels. D’un point de vue théoriques se sont les « logiques sociales » à l’œuvre dans les NTIC qui intéressent MIEGE : «elles correspondent à des mouvements de longue durée portant aussi bien sur des processus de production que sur des process de consommation ou des mécanismes de formation des usages et elles se transforment régulièrement».
Et en plus elles peuvent révéler des conflits …